Bulletin épidémiologique hebdomadaire- Journée mondiale sans tabac 2021
Comme chaque année, Santé Publique France a réalisé un baromètre du tabagisme en France à partir des données 2020 et en a publié les principaux résultats dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire du 26 mai. Malgré des résultats encourageants illustrés par la décrue du nombre de fumeurs depuis plusieurs années dans le pays, la crise sanitaire s’est accompagnée d’une stagnation du nombre de consommateurs réguliers.
Au-delà, l'aggravation de la prévalence du tabagisme au sein des classes socio-professionnelles les moins favorisées s'est également accentuée.
Trois documents sont proposés en lien détaillés ci-dessous.
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Consommation de tabac parmi les adultes en 2020 : résultats du Baromètre de Santé publique France (lien)
Résumé
Introduction –
La prévalence du tabagisme a diminué en France ces dernières années, avec la mise en place de plans nationaux de lutte contre le tabagisme. Mais la France, comme le reste du monde, a été touchée en 2020 par une crise exceptionnelle liée à la pandémie de Covid-19. L’objectif de cette étude est d’estimer la prévalence du tabagisme en 2020 et son évolution par rapport à 2019.
Méthodes –
Les données proviennent du Baromètre de Santé publique France, enquête téléphonique sur échantillon aléatoire auprès de la population adulte résidant en France métropolitaine, menée entre janvier et mars, puis entre juin et juillet 2020, auprès d’un échantillon total de 14 873 individus.
Résultats –
En 2020, plus de trois adultes de 18-75 ans sur dix déclaraient fumer (31,8%) et un quart déclaraient fumer quotidiennement (25,5%). Pour l’ensemble de la période couverte en 2020, la prévalence du tabagisme et du tabagisme quotidien ne varie pas significativement par rapport à 2019. Cependant, entre 2019 et 2020, la prévalence du tabagisme quotidien a augmenté de 29,8% à 33,3% parmi le tiers de la population dont les revenus étaient les moins élevés. Cette augmentation est essentiellement due à une hausse entre 2019 et début 2020, avant le premier confinement, une stabilisation étant notée en post-confinement. Les inégalités sociales restent ainsi très marquées en 2020, avec 15 points d’écart entre les plus bas et les plus hauts revenus.
Conclusion –
Après une baisse du tabagisme en France métropolitaine de 2014 à 2019, la prévalence se stabilise en 2020. Dans un contexte de crise sanitaire, psychologique, économique et sociale inédite, un des enjeux est de réinstaller une tendance à la baisse, et de renforcer encore la lutte auprès des populations les plus vulnérables face au tabagisme, les inégalités sociales étant très marquées.
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Tabado, un programme pertinent d’accompagnement des lycéens professionnels et apprentis à l’arrêt du tabac développé en milieu scolaire (lien)
Résumé
Les résultats présentés dans cet article, produits dans le cadre de l’évaluation du programme, s’appuient sur un questionnaire passé aux jeunes de ces établissements scolaires en amont du déroulement de l’intervention. Il a recueilli 34 669 réponses.
L’analyse statistique met en évidence plusieurs résultats. Tout d’abord, le déploiement du programme à grande échelle conduit à une diversification limitée du profil du public-cible. Celui-ci se caractérise par des consommations élevées et variées de tabac ainsi que par des phénomènes de polyconsommation. La population enquêtée est également marquée par des tentatives et des volontés d’arrêt élevées, tout en ne recourant aux aides existantes que de manière très limitée.
L’étude montre la pertinence d’un programme proposant une approche universelle proportionnée afin de réduire les inégalités de santé chez les publics jeunes particulièrement exposés au tabagisme et propose des pistes d’approfondissement du programme.
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Réflexion sur les achats hors réseau à partir de l’observation du marché du tabac et des substituts nicotiniques durant le 1er confinement en France (lien)
Résumé
Les mesures exceptionnelles prises pour endiguer la propagation de l’épidémie de Covid-19 ont entraîné des adaptations substantielles de l’offre des produits du tabac lors de la période du premier confinement, du 17 mars au 11 mai 2020. Cette contribution émet l’hypothèse que l’évolution des comportements d’achats éclaire l’observation de phénomènes d’approvisionnement plus difficilement observables en temps normal. Ces derniers interrogent le rôle des politiques de hausse des prix en l’absence d’harmonisation fiscale à l’échelle européenne.
Méthodes –
Différentes données issues des tableaux de bord tabac de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) ont été analysées (volumes de ventes à jours constants de livraisons réalisées en France continentale dans le réseau des buralistes, mis en perspective avec d’autres indicateurs tels que ceux relatifs aux saisies des douanes ou ceux du marché des substituts nicotiniques).
Résultats –
Lors du deuxième trimestre 2020, les ventes de tabac ont augmenté de 5,5% à jours constants dans l’ensemble de la France continentale, avec une hausse davantage marquée dans les départements frontaliers (+21,9% contre +2,4% dans les départements non frontaliers). Cette évolution trimestrielle est à rebours de la tendance à la baisse continue des volumes de ventes depuis 2017. La vente des produits de sevrage tabagique a également connu un ralentissement durant les semaines 12 à 22 du confinement (+5,2% par rapport à la même période de 2019), tout comme le nombre de constatations et quantités saisies de tabac de contrebande.
Discussion –
Les données de ventes habituelles suscitent différents enjeux d’observation, puisqu’elles ne reflètent qu’imparfaitement la réalité des consommations, comme en atteste le fait que celles-ci soient restées relativement stables durant la période du premier confinement. Les mesures de hausse des taxes et des prix, intégrées dans une politique anti-tabac globale, produisent cependant bien une chute des ventes et des prévalences d’usage, mais soulèvent des enjeux d’harmonisation fiscale et d’encadrement des stratégies de reports entre produits du tabac, à l’étranger ou sur le marché de contrebande.
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